F-Gaz : un virage réglementaire qui transforme la filière thermique

Depuis près de 10 ans, l’Union Européenne s’attaque aux gaz fluorés (F-Gaz), ces fluides utilisés dans la réfrigération, la climatisation et les pompes à chaleur, mais dont le fort potentiel de réchauffement global (GWP) contribue massivement au changement climatique.

Le règlement F-Gaz (UE 517/2014), renforcé par la nouvelle version 2024/573, impose une réduction progressive des HFC disponibles sur le marché (–79 % d’ici 2030) et l’interdiction des fluides les plus polluants dans les équipements neufs. Exemple phare : dès 2025, le R-410A (GWP 2088) ne pourra plus être utilisé dans les PAC ≤ 12 kW.

Chaleur et froid en mutation

Face à ces restrictions, les fabricants se tournent vers des alternatives à faible GWP :

  • Le R-32 (GWP 675) dans les PAC domestiques,
  • Les fluides naturels comme le R-290 (propane, GWP 3) ou le CO₂,
  • Les HFO comme le R-1234yf (GWP < 5) pour les systèmes tertiaires ou véhicules.

Ces fluides imposent des adaptations techniques importantes : sécurité accrue pour les gaz inflammables, haute pression pour le CO₂, nouvelles huiles et régulations spécifiques.

Impacts sur l’installation et l’exploitation

La maintenance est elle aussi impactée :

  • Recharger une installation au R-404A est interdit depuis 2020 (sauf recyclage).
  • Le coût des fluides anciens explose, rendant certaines interventions économiquement absurdes.

Les entreprises intervenant sur les F-Gaz doivent être certifiées, et les exploitants doivent tenir à jour un registre des fluides, effectuer des contrôles d’étanchéité, etc.

En parallèle, les bureaux d’études et prescripteurs doivent intégrer la contrainte « GWP ≤150 » dans leurs CCTP, et opter pour des équipements compatibles avec la réglementation à venir.

Atomee - Évolution de la Législation des F-Gaz

Une opportunité pour accélérer la transition

Bien que contraignante, cette évolution législative pousse l’innovation. Elle favorise l’émergence de systèmes plus propres, plus efficaces, et mieux intégrés aux objectifs climatiques européens.

La filière doit donc s’adapter rapidement :

  • En formant les techniciens à ces nouveaux fluides,
  • En choisissant des matériels anticipant les seuils futurs,
  • Et en valorisant les solutions hybrides ou naturelles dans les projets.